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Guerre économique : Siro, l’arme que le Camerounais Guy Gweth propose aux États africains

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Pour aider les États africains à faire face à la guerre économique, le Centre africain de veille et d’intelligence économique (CAVIE) a conçu un dispositif clé en main. Il s’agit du Service d’intelligence des risques et opportunités (Siro).

« Lorsqu’il est au Cameroun, il s’appelle le Siroc ; au Gabon, le Sirog ; au Togo, le Sirot… », indique Guy Gweth, le président du CAVIE, pour montrer que sa solution s’adapte à « la singularité de chaque pays qui nous fait confiance ».

« C’est la marque de fabrique du CAVIE. Il s’agit de quelque chose qui n’est pas influencé par ce que nous avons vu ailleurs, même si ceci peut être nourri par cela », précise-t-il pour souligner la singularité du dispositif. Conçu pour permettre aux pays africains de minimiser les risques auxquels ils sont confrontés et optimiser les opportunités qui se présentent aux plans politique, diplomatique, économique, financier et culturel, le Siro prend en compte tous les trois aspects de l’approche de l’intelligence économique (IE).

« Il y a d’abord l’aspect défensif qui, au niveau du Cameroun, est géré notamment par le ministère de l’Administration territoriale, la Délégation générale à la Sûreté nationale. Ensuite, l’aspect offensif qui est singulièrement porté par le ministère des Affaires étrangères, chargé d’aller voler le feu à l’étranger, d’adapter sa vibration à nos territoires et de l’utiliser. Et le troisième aspect, c’est l’influence. C’est-à-dire la capacité pour un acteur d’amener l’autre à agir comme il le souhaite, mais sans jamais le contraindre. Et c’est un rôle qui est joué aujourd’hui notamment par le cinéma, la musique, la littérature », détaille le diplômé de l’École de guerre économique et du Centre d’études diplomatiques et stratégiques de Paris.  

Ce dispositif, dont « le cœur du réacteur » est situé au sein de l’exécutif, a pour finalité de transformer les États africains en États stratèges : « Un État qui fixe le cap, dessine les lignes de force et tous les autres acteurs (entreprises, société civile…) avancent dans la même direction pour atteindre les objectifs ».

Lente adhésion

Dans certains États, cette démarche est déjà mise en œuvre. Mais le Siro permet de la rendre plus efficace, estime-t-on au CAVIE, organisation non gouvernementale (ONG) et à but non lucratif, basée à Yaoundé au Cameroun, travaillant depuis une dizaine d’années à la promotion de l’intelligence économique (IE) sur le continent. Le Siro a d’ailleurs l’avantage de se mettre en place en trois mois pour un coût de quelques centaines de millions de FCFA, hors contrat d’assistance.

« L’Afrique entière est notre scope bien que nous ayons commencé par la zone francophone. Au Togo, en Côte d’Ivoire et au Burkina, par exemple, nous sommes allés très loin. Au Cameroun et au Gabon d’avant la chute (le coup d’État, NDLR), on a voulu savoir si nous travaillions avec les Israéliens… Nous attendons toujours les réponses d’Abuja, Dakar et Tunis. Dans tous les cas, les services fouillent longtemps pour savoir “pour qui on roule”, si nous sommes dignes de confiance, quels sont nos antécédents, etc. Chose parfaitement normale à nos yeux. Il nous appartient de les rassurer », indique le président du CAVIE, par ailleurs fondateur et directeur des opérations de Knowdys Consulting Group (KCG), cabinet de conseil en intelligence économique, de diligence et affaires publiques en Afrique.

Depuis sa sortie de l’École de guerre économique de Paris en 2007, Guy Gweth parcourt l’Afrique en vue de former, proposer des cellules de veille clé en main, aider à la mise en place de dispositifs d’intelligence économique adaptés aux États, aux entreprises, aux ONG et aux grandes écoles du continent. Plus de 15 ans plus tard, le Camerounais revendique l’installation d’une « petite quinzaine » de service d’intelligence, tant dans les administrations publiques que privées. « C’est mince, mais prometteur. N’oubliez jamais que nous œuvrons sur un temps long », affirme-t-il.

Pour faire bouger les lignes, le juriste de formation mise également sur l’évènementiel. Il organise, depuis 2022, le Festival de l’intelligence économique francophone (FIEF). Il s’agit d’une rencontre annuelle des experts et passionnés de l’IE ayant en partage le français. La première édition s’est tenue à Djerba en Tunisie, en marge du 18e Sommet des chefs d’État et de gouvernement des pays membres de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Et la seconde s’est tenu le 2 novembre 2023 à Yaoundé, en prélude à la 44e session de la Conférence ministérielle de la Francophonie prévue dans la capitale camerounaise les 3, 4 et 5 du même mois.

Agence Ecofin