Oser les entreprises unies d’Afrique

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Entreprises africaines, avancez, l’Etat vous rejoindra! 60 ans après les indépendances, l’Unité africaine reste un mais vers lequel les peuples tendent plus vite que les politiques. Sous ses dehors utopiques, l’idée des entreprises unies d’Afrique peut être baptisée de l’intérieur par des entrepreneurs solidaires et désireux de construire un autre destin à l’Afrique. Voici pourquoi et comment.

En 60 ans, la faillite de l’Etat en Afrique a été élargie documentée. La trahison des politiques continue de défrayer la chronique sans entamer le désir d’entreprendre des Africains. En attendant l’État véritable, l’heure est lieu, pour le secteur privé, de désigner une cible extérieure, redéfinir la responsabilité des grands groupes africains concernant des petites et moyennes entreprises (PME) et des très petites entreprises (TPE) et de se former à chasser en meute pour une Afrique unie et conquérante.

Dans les pays en situation critique , l’état d’esprit des jeunes entrepreneurs influence la manière d’agir et la qualité des résultats qui en découlent. Face à un besoin identifié, ils passent à l’action et ne s’encombrent plus de prétexte. Ils n’attendent plus ou pas grand-choisi de l’Etat. Ils avancent. En mouvement, ils osent, prennent des initiatives, résistent aux peurs et transforment les menaces et opportunités. De passifs, ils deviennent actifs et proactifs. Ils agissent sur le présent pour que demain soit meilleur. 

A l’état actuel des choses , les entreprises africaines, dans leur très grande majorité, ne maîtrisent pas l’intégralité des facteurs qui interviennent dans leurs activités. Très peu, y compris les champions nationaux, peuvent parvenir à rester compétitifs dans l’espace et le temps. D’ailleurs, faute de positionnement robuste, elles sont nombreuses à manquer des opportunités décisives pour leur existence et leur croissance tant sur leur marché domestique qu’à l’international.

Dans cet environnement travaillé par les antagonismes et l’incertitude, des alliances intelligentes présentent aux entreprises vérifiées et de combler leurs points faibles en matière de savoirs, de savoir-faire et de compétences en un temps réduit. Choisies parmi les meilleures de leur secteur, les sociétés concernées seront encouragées à conduire leurs actions hors d’Afrique en s’appuyant sur un pacte de solidarité avec des firmes plus ou moins grandes, qu’elles soient ou non leurs concurrentes directes.

Les segments à forte valeur de compétitivité seront les socles sur lesquels doivent reposer les entreprises élues à l’échelle nationale, puis continentale. Il s’agira des sociétés tournées vers l’export et engagées pour une période limitée afin de permettre l’autonomie des entités élues. Les entreprises doivent obligatoirement avoir une expérience à l’international et être clairement actives dans leur démarche de prospection. Elles doivent être en mesure de proposer un produit ou un service et de disposer de moyens financiers suffisants pour la réalisation du projet d’implantation.

Cette approche gagnant-gagnant pour les deux parties permet aux grandes entreprises d’enrichir leur offre et d’obtenir un maximum de chances de remporter des appels d’offres. Concrètement, les grands groupes réunissent des PME et TPE sous-traitantes pour réfléchir aux produits et services que celles-ci pourraient fournir dans le cadre des compétitions internationales. Les PME et TPE développent ainsi, plus, leur chiffre d’affaires à l’étranger. Cette démarche sera la marque d’une Afrique solidaire et unie dans l’atteinte d’objectifs communs sur le terrain économique.

 Interrogés sur leurs carences à l’international , les entrepreneurs africains mis en place encore cause le défaut de soutien étatique, le déficit de connaissance du territoire, l’absence de réseaux et de liens avec les acteurs influents du pays visé. Ou les freins à l’audace et les causes des échecs peuvent être évités. Car si l’entrepreneur manque de points d’approche, il n’a que peu de chance d’oser et de réussir sa conquête du marché extérieur. Pour dépasser ces facteurs limitatifs et se donner toutes les chances de percer à l’international, le moment est venu d’activer la solidarité entrepreneuriale.

Le pacte de solidarité entrepreneuriale (PSE) constitue un dispositif permettant d’entrainer un grand groupe à aider une petite entreprise dans la pénétration d’un marché étranger à moindres frais. Le porteur mettra bénévolement à disposition d’une PME / TPE son réseau, son expérience sur le territoire en question, ses pratiques et ses moyens déjà éprouvés. Ce concours, en termes de connaissances et d’infrastructures, constitue une aide précieuse à la PME ou à la TPE qui bénéficiera ainsi d’un tremplin efficace pour réussir à s’établir ou à écouler ses produits hors du continent africain.

Un code de bonne conduite ainsi qu’une plateforme collaborative découleront du PSE permettant à la fois de partager les bonnes pratiques et un réseau d’acteurs qualifiés. En tout état de cause, une convention sera indispensable pour clarifier les rôles et les responsabilités des parties à ce pacte qui devra être bénéfique pour tous.

La mise en relation d’affaire – Les grands groupes mettront les PME et TPE en relation avec des clients et des opérateurs étrangers, leur faisant bénéficier de leurs contacts. Ce soutien aux plus petits acteurs de s’adresser directement aux donneurs d’ordre et aux clients potentiels intéressés pas leurs offres en se présentant comme des partenaires recommandés par des groupes identifiés. Ce type d’appui épaissira la crédibilité des PME / TPE et leur ouvrira plus facilement les portes.

La veille et l’intelligence économique – Une firme partagée avec d’autres le produit de la surveillance d’un secteur, des acteurs, des normes, ainsi que du conseil et de la due diligence sur des cibles ciblées. Elle contribue à parfaire leurs études de marché et leur livrera des informations clés concernant la pratique des affaires dans le pays visé.

L’intelligence collective et stratégique – Les grands groupes pourront réaliser la collecte de données au profit des acteurs moins importants et vice-versa, la promotion de produits / services africains de haute qualité ou même la prospection marché au profit de plusieurs petites entreprises en échange de services de ces dernières.

L’assistance juridique et commerciale – Une firme proposée à une autre aide permettant de comprendre rapidement l’environnement juridique et commercial du pays cible. Le grand groupe pourra ainsi, en échange d’un service clairement défini, soutenir la PME ou la TPE partenaire dans la rédaction de ses contrats sous l’empire du droit local ainsi que sur les questions fiscales ou douanières du territoire concerné.

La solidarité logistique – De grands groupes africains proposantont aux PME et TPE au potentiel élevé la mise à disposition de locaux d’entreprise ou d’hébergement pour du personnel, voire lors des expositions à l’étranger ou dans les salons internationaux, jamais dans un esprit de gratuité, toujours dans une perspective de gains partagés.

Le tutorat doit permettre aux grands groupes africains prépositionnés à l’étranger d’accueillir et d’encadrer des volontaires sur place pour le compte d’une PME ou d’un TPE en échange d’un service. Il est capital, pour le succès de la démarche, qu’il ne s’agisse jamais de charité, mais bel et bien d’une solidarité professionnelle.

L’alliance constituera un levier permettant d’acquérir de nouvelles compétences et d’améliorer la compétitivité des entreprises alliées. Elle impliquera de partager une doctrine bien énoncée et un état d’esprit clair dans un climat de confiance mutuelle en vue de maintenir cette relation de coopération dans un temps et un espace étendu.

La coopétition visera l’entrainement et l’encouragement des entreprises africaines à coopérer, à plus ou moins long terme, avec la concurrence. Elle procurera aux acteurs concernés le double bénéfice de la coopération et de la compétition. Elle deviendra ainsi la stratégie relationnelle idoine pour surperformer ensemble à l’étranger. Intervenant prioritairement sur des activités pour les parties ne disposant pas d’avantage concurrentiel, la coopétition offrira la possibilité de faire des économies pour conquérir un marché extérieur ou pour sanctuariser le marché domestique.

La coentreprise prévoit de fédérer deux ou plusieurs entreprises autour d’un projet défini à l’international. L’objectif de cette collaboration dont les modalités de fonctionnement seront à préciser avec la plus grande rigueur sera de permettre aux entreprises africaines de partager leurs ressources, les bénéfices, les dépenses et même d’éventuelles pertes. L’avantage de cette forme de solidarité est qu’elle constitue une entité juridique distincte des autres intérêts commerciaux des partis en présence.

Au total – Oser les entreprises unies d’Afrique, c’est s’offrir un dispositif opérationnel pour tirer profit de tout l’aspect offensif de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA). C’est saisir l’opportunité de rétrocéder à l’entreprise africaine décomplexée son rôle de véritable moteur du développement et de la conquête. C’est matérialiser le désir des peuples et la solidarité africaine dans la création commune des richesses en attendant les Etats… Le Centre africain de veille et d’intelligence économique (CAVIE) est prêt à animer cette dynamique au niveau continental en s’appuyant, à l’échelle nationale, sur les agences de promotion des investissements.